Langue maternelle en Afrique : un grand défi à réaliser
Le continent africain a connu des décennies de colonisation. Quand les États africains ont pris leur indépendance, bon nombre parmi eux ont érigé la langue de l’ex puissance colonisatrice comme langue officielle. Cette langue est utilisée dans l’administration, dans les écoles et universités publiques. Aujourd’hui, le constat est que beaucoup d’africains ne savent pas parler leur langue maternelle et pour certains parler correctement leur langue maternelle est une chose difficile.
En effet, la langue du colonisateur, que ce soit l’anglais, le français ou même le portugais, influence beaucoup le quotidien des africains. Le fait que ces langues soient utilisées dans tous les secteurs d’activité circonscrit la langue maternelle. Du coup, cette dernière ne peut être parlée qu’à la maison, entre parents où ressortissants d’une même région ou d’un même groupe ethnique. La langue maternelle est ainsi reléguée au second plan.
Alors, faire une promotion des langues maternelles s’avère très utile et même impérieux pour beaucoup d’observateurs africains pour ne pas voir ces langues disparaître. Certains africains, plus précisément dans les familles aisées, préfèrent parler la langue officielle à la maison. Cela dit, les enfants n’apprennent pas à parler leur langue maternelle et la conséquence logique est qu’ils grandissent sans savoir la parler. Aussi, parler sa langue maternelle même en public parait pour certains déplacé. Avoir une parfaite maîtrise de la langue officielle, c’est prouver qu’on est bien instruit. En règle générale, parler correctement la langue officielle démontre qu’on est d’un certain rang social ou encore qu’on a eu la chance d’aller à l’école. Cela dit, ceux qui se trompent parfois en parlant cette langue officielle voient leur entourage se railler d’eux. Aussi, pouvoir parler sans faire de faute, fait grandir celui qui la maîtrise aux yeux des autres. On remarque tout de suite une certaine fierté qui se dégage de celui-ci, de sa façon de parler et même d’être. Il s’affiche comme n’étant pas pareil aux autres, mais différent.
Ce qui est regrettable, c’est que parfois ces personnes ne sont nullement en mesure de faire une seule phrase correcte dans leur propre langue maternelle. Elles en sont conscientes, mais ne sont pas pour autant vexées. Cela n’est pas bien grave ! Pense-t-il. L’on peut donc dire que pour beaucoup parmi eux, maîtriser les langues étrangères en particulier celle de l’ex puissance colonisatrice est préférable à parler correctement sa langue maternelle. La langue de l’ex puissance colonisatrice permet de s’ouvrir sur le monde, de paraître à la limite moins « sauvage ». Avec cette langue, on a plus de classe.
Dans certains pays africains comme au Sénégal, à Madagascar, il existe une langue qui est parlée en plus de celle de l’ancienne puissance colonisatrice : le wolof au Sénégal et le malgache à Madagascar. La promotion de ces langues issues des langues maternelles est un exemple que d’autres pays africains aimeraient voir se réaliser chez eux.
Pour certains observateurs, l’on constate que dans les pays cités ci-dessus, la langue française est en recul notamment à Madagascar. Parler malgache dans les rues d’Antananarivo est loin d’être déplaisant pour le malgache tout comme parler wolof dans les rues de Dakar.
À Madagascar par exemple, la langue malgache a son écriture et sur certains panneaux publicitaires, l’on peut voir le message destiné au public en malgache.
Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, l’on réfléchit toujours sur la promotion des langues maternelles. Même si l’on enregistre soixante (60) ethnies dans ce pays, les défenseurs de la langue maternelle sont loin d’être découragés par ce nombre. Ce qui importe pour eux est de trouver une stratégie pour que l’ivoirien parle correctement sa langue maternelle. À cet effet, l’option de pouvoir apprendre sa langue maternelle à l’école n’est pas écartée, elle est même encouragée.
La remarque qui est faite est que bien assez souvent la langue officielle est omniprésente dans les langues maternelles au point où elle vient parfois remplacer certains mots. En effet, beaucoup d’africains le font. Ils remplacent certains mots de la langue maternelle par leur synonyme dans la langue officielle. Et chose étrange cela ne scandalise personne, loin de là, cela est commun.
Il est bien de parler une ou plusieurs langues étrangères, cela peut s’avérer être un atout dans les échanges, dans le commerce, etc. Toutefois, beaucoup d’africains comprennent aujourd’hui que maîtriser sa langue maternelle est un plus gros atout. Car, la langue ne véhicule pas qu’un message, mais aussi une culture, une tradition, une manière de vivre, une manière de penser, une certaine identité. Même si certains pays africains peinent à trouver une langue parmi cette multitude de langues existant sur leur sol pour l’ériger comme langue officielle, l’idée de penser à une promotion de la langue maternelle est déjà bien.
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