CROIRE OU NE PAS CROIRE : LE MERCURE COVID-19 MONTE EN CÔTE D’IVOIRE, L’INQUIÉTUDE AUSSI

Article : CROIRE OU NE PAS CROIRE : LE MERCURE COVID-19 MONTE EN CÔTE D’IVOIRE, L’INQUIÉTUDE AUSSI
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28 juin 2020

CROIRE OU NE PAS CROIRE : LE MERCURE COVID-19 MONTE EN CÔTE D’IVOIRE, L’INQUIÉTUDE AUSSI

Depuis le premier cas confirmé de COVID-19 observé sur le sol ivoirien le 11 mars dernier, chaque jour des cas confirmés sont enregistrés. Toutefois, en dépit de ces cas, un vent de doute souffle tout de même entretenu par un pan de la population qui se montre sceptique. Il convient de précisément que cette pandémie a poussé le conseil national de sécurité avec à sa tête le président de la République Alassane Ouattara à prendre des mesures dès les premières heures pour freiner la chaine de contamination. Mais aujourd’hui, le nombre de cas confirmés grimpe et soulève des interrogations tout comme des inquiétudes. Alors que l’État ivoirien a décidé d’alléger les mesures mises en place après la découverte du premier cas de COVID-19.   

1.Qu’est-ce qui rend sceptique une partie de la population ?

La COVID-19 est bien présente sur le continent africain à l’instar des autres continents. Les États africains ont donc pris des mesures individuellement pour faire face à cette pandémie qui continue de sévir. Au nombre de ceux-ci, la Côte d’Ivoire où des mesures ont été prises aussi pour briser la chaîne de contamination. Cependant, beaucoup de personnes en Côte d’Ivoire se montrent assez sceptiques quant à la réelle présence de la COVID-19 sur le sol ivoirien. Ces sceptiques demandent à voir des personnes contaminées à la télévision nationale comme on le voit sur certaines chaînes étrangères. Ce qui peut avoir comme conséquence logique la négligence voire l’indifférence de la population face à cette pandémie. Les mesures données par le gouvernement pour briser la chaîne de contamination ne sont pas suivies entièrement par l’ensemble de la population. L’on se rappelle encore les premiers moments où un couvre-feu avait été instauré sur toute l’étendue du territoire et qui avaient été assez musclés si l’on en croit les témoignages de personnes qui se sont trouvées dehors aux heures du couvre-feu.

 Devant les questions de la population à propos de la réalité ou non de la COVID-19 en Côte d’Ivoire, comme pour satisfaire la curiosité des sceptiques, la chaîne nationale de télévision : la RTI 1 s’est décidé à faire passer des témoignages de personnes présentées comme ayant contracté la COVID-19. Mais plutôt que de régler le problème et convaincre l’ensemble de la population, Le résultat voulu s’est pas vraiment produit. Des internautes ont vite fait de voir derrière ces témoignages toute une supercherie du gouvernement. Un homme de 67 ans répondant au nom de Diomandé Adama a été présenté au mois d’avril comme un patient en cours de guérison. Il a présenté son dossier médical pour attester ce qu’il dit. Mais un détail étrange a retenu l’attention de certains internautes. Son examen médical date du 08/10/2018, alors que la COVID-19 n’était pas encore présente en Afrique, encore moins en Côte d’Ivoire.

Dossier médical d’une personne atteinte de la COVID-19 en cours de guérison, source RTI
Dossier médical d'une personne en cours de guérison
Dossier médical d’une personne atteinte de la COVID-19 en cours de guérison, source RTI

Même la Chine où tout a commencé ignorait encore qu’un tel fléau la guettait. Il va falloir attendre en novembre 2019 pour que la COVID-19 fasse sont apparition. Aussi, dans ce mois de juin, des personnes se trouvant dans des centres de dépistage de la COVID-19 sont présentées à la télévision nationale RTI 1, mais le mal semble être fait. Un tel reportage devait arriver un peu plus tôt. Aussi, il devait même être récurant pour convaincre les sceptiques et amener la population dans son ensemble à prendre conscience du danger que représente cette maladie.   

2.La question des masques de protection

Depuis le début de la pandémie, les autorités demande à la population de respecter les mesures barrières. Au nombre de ces mesures, il y a le port de masque qui est devenu obligatoire dans les voitures de transport et les lieux publics. Là encore, nombreux sont ceux qui ne voient pas l’urgence d’en porter. Certains ont leur masque dans la poche et le portent quand ils arrivent dans un lieu où le port du masque est obligatoire. D’autres qui en portent préfèrent le faire descendre  sur le menton, car le masque les empêche de bien respirer, disent-ils. Dans les voitures de transport en commun, tous les passagers n’en portent pas forcément ou s’ils en portent c’est juste pour ne pas avoir des soucis avec la police.

Des chauffeurs de taxi communaux, dans certaines communes du grand Abidjan* notamment dans le district d’Abidjan et même de Grand-Bassam tout comme certains chauffeurs de taxi intercommune ont leur masque au menton. (Le Grand Abidjan, zone délimitée par le conseil national de sécurité et qui comprend le district d’Abidjan, Bingerville, Dabou, Azaguié, Grand-Bassam, Bonoua, Assinie). Il le remonte quand ils aperçoivent un agent de police pour paraitre en règle. Ils rusent ainsi avec les agents de police qui veillent au respect des mesures prises. Heureusement que certains passagers exigeants leur font porter correctement le masque avant de monter dans leur véhicule.

Aujourd’hui, l’on s’interroge sur l’efficacité réelle de ces masques bon marché vendus à 100 Frs CFA l’unité en bordure de route par des vendeuses ou vendeurs ambulants. Le gouvernement dit avoir commandé 200 millions de masques et déjà les fonctionnaires et agents de l’État ont la possibilité de les retirer dans les pharmacies agréées : 50 masques par adhérent de la MUGEFCI (mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’État de Côte d’Ivoire). Aussi, ceux détenant leur carte CMU (couverture maladie universelle) peuvent également les retirer à condition d’être à jour de leur cotisation.

Il est donc clair que ceux n’étant ni fonctionnaires ni agents de l’État et n’étant pas à jour de leur cotisation à l’assurance maladie universelle ne pourront pas être servis dans une pharmacie. Ils devront se débrouiller avec les masques réutilisables bon marché ou en acheter dans une pharmacie, ce qui n’est pas évident. Pourtant, ces masques vendus dans la rue ne protègent pas efficacement.

3.L’allègement des mesures prise par l’État a-t-il ouvert la boite de Pandore ?

Le mois de mai passé, l’État a pris la décision d’alléger les mesures barrières. Il faut rappeler que ces mesures ont été prises pour empêcher la propagation du virus. Cette décision, nombreux sont ceux qui ne l’ont pas comprise. Alors que les cas sont encore enregistrés et que le pique n’a pas été dépassé, pourquoi prendre une telle décision ? les sceptiques ont vite fait de voir en cela un signe manifeste qui vient prouver la non-présence de la COVID-19. Alors, que pour beaucoup, l’allègement de ces mesures favoriserait la propagation rapide du virus.

Les salles de classe, concernant l’école, ont ouvert leurs portes. Il a été demandé aux enseignants et les élèves en déplacement dans le grand Abidjan de regagner les villes de l’intérieur du pays. Ainsi, des convois ont été organisés par le gouvernement aux frais des voyageurs et comme il fallait s’y attendre, le prix d’aller simple n’est pas le même qu’avant le confinement du grand Abidjan : il est nettement supérieur. L’État avait demandé le dépistage obligatoire à tous les voyageurs avant de quitter le grand Abidjan. Mais, contre toute attente, cette exigence a été levée, laissant planer le risque propagation du virus à l’intérieur du pays. Malheureusement, des cas confirmés de COVID-19 ont été enregistrés dans certaines villes comme à San-Pedro, ville balnéaire située au sud-ouest.

Mais, les autorités ont vite fait de rassurer la population. Elle les amène à voir dans ce nombre aujourd’hui élevé de cas confirmés, le résultat des dispositifs mis en place un peu partout dans le grand Abidjan pour accentuer le dépistage de la COVID-19. Une manière de dire qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer.

Centre d’accueil pour le dépistage de la COVID-19 à Grand-Bassam, ph. GK

L’école a ouvert ces portes pour la seconde fois, cela a concerné les classes d’examen. Les élèves sont installés un par table pour respecter la distanciation sociale avec le port de masque obligatoire. Aux enseignants, le ministère de tutelle, qui a dit avoir reçu 80 millions de masques, a distribué à chaque direction régionale des masques. Mais, là encore, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Certains ont reçu leur lot de masque assez vite et les autres ont dû patienter durant des jours. Beaucoup d’enseignants n’ont pas caché leur crainte et ont dit travailler la peur au ventre. Devant ce crescendo des cas confirmés, l’inquiétude monte. L’on redoute le retour de mesures drastiques pour porter un coup de frein à la propagation de cette maladie.  

Une chose est certaine, devant certaines situations pareilles, il est plus sage de poser des actes qui pourraient se référer au pari de Pascal. On ne perd rien en faisant attention, bien au contraire.     

* Le Grand Abidjan, zone délimitée par le conseil national de sécurité et qui comprend le district d’Abidjan, Bingerville, Dabou, Azaguié, Grand-Bassam, Bonoua, Assinie

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