Cours les mercredis matin : la pomme de discorde

Article : Cours les mercredis matin : la pomme de discorde
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27 septembre 2016

Cours les mercredis matin : la pomme de discorde

L’on se plaint sans cesse en Côte d’Ivoire du niveau des apprenants qui semble décroitre d’année en année. Dans le souci de voir le niveau des apprenants s’améliorer, le gouvernement décide d’agir en amont. Ainsi, en plus de ce qui a été fait jusque-là, désormais, les élèves du primaire auront cours les mercredis matin. Alors, au total ils auront quatre jours et demi de cours par semaine contre seulement quatre jours par le passé. Cette réforme, bien que justifiée par le ministère de l’Éducation nationale, n’est pas acceptée par les syndicats des instituteurs. Ils soutiennent que cela n’est pas opportun et que cette réforme va plus épuiser les apprenants.

  •  Les jours de classe
Cours de mercredi: les élèves assis dans une salle de classe(ph.planeteschool.com)
Cours de mercredi: les élèves assis dans une salle de classe(ph.planeteschool.com)

Les jours de classe, pour les élèves du primaire, étaient naguère de quatre jours et demi : lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi matin. Ce n’est qu’en début des années 90 que le gouvernement d’alors a jugé bon d’alléger les choses faisant sauter la demi-journée du samedi. Du coup les jours de classe sont passés à quatre jours : lundi, mardi, jeudi et vendredi.

  • Le niveau inquiétant des apprenants

D’année en année, l’on fait le triste constat du faible niveau des apprenants. Ce qui est d’ailleurs très inquiétant. Ils donnent l’impression de ne rien apprendre à l’école. C’est avec beaucoup de déception que chaque fin d’année, les parents d’élèves font le triste constat du résultat médiocre de leurs enfants. Tout le système est rendu responsable de cet échec. Beaucoup d’élèves chaque année redoublent leur classe ou, au pire des cas, se font renvoyer. Devant ces différents cas d’échec à l’école et le faible pourcentage des admis aux examens en fin d’année, l’urgence de repenser le système établi en vue de trouver solution à ce problème a fini par s’imposer de lui-même. Alors, différentes réformes ont vu le jour et la toute dernière est de faire de la matinée de mercredi un jour d’école. Ce qui n’était pas le cas jusque-là. Mais, cette réforme a eu le don d’irriter les syndicalistes. Le gouvernement veut se rapprocher un peu plus des normes internationales de l’UNESCO. Ces normes demandent 34 heures de cours par semaines et 34 semaines de cours dans l’année, ce qui fait au total au moins 1000 heures de cours. Ce qui n’est pas le cas en Côte d’Ivoire. Ce pays enregistrait jusque-là 4 jours de cours avec 26 heures de cours par semaine pour 32 semaines. Ce qui fait au total 832 heures et 132 jours de cours dans l’année. Avec cette reforme, le gouvernement veut amener le pays a se situer à 5 jours de cours par semaine. ce qui donne 30 heures de cours par semaine, 33 semaines de cours. Alors, au total 990 heures et 165 jours de cours dans l’année.

  • La réforme jugée de trop
madame-la-ministre-de-l'Education-nationale-et-le-responsable-du-midd-Mesmin-Komoe(ph.coaci.com)
madame-la-ministre-de-l’Education-nationale-et-le-responsable-du-midd-Mesmin-Komoe(ph.coaci.com)

Le faible niveau des apprenants est un secret de polichinelle. C’est en vue de pallier cet état de fait que le gouvernement décide d’agir en amont. Alors, l’idée est qu’il faut accorder plus de temps pour la lecture par exemple et d’autres exercices aussi de sorte à relever le faible niveau des apprenants. Ainsi, une demi-journée a été trouvée : le mercredi matin. Mais, aussi curieux que cela laisse paraître, cette décision du ministère de tutelle n’enchante pas les syndicalistes notamment le MIDD (Mouvement des Instituteurs pour la Défense de leurs droits). Ce syndicat plus précisément, menace d’entrer en grève. Et ce sera selon leurs propres termes “une grève sauvage et illimitée ”. Selon eux, cette matinée de cours qui s’ajoute à l’emploi du temps va surcharger les apprenants. Alors, cela laisse croire qu’ils s’érigent en défenseurs de leurs apprenants qu’ils voient « menacés » par cette réforme. Mais ils peinent à convaincre surtout la ministre de l’Éducation nationale : madame Kandia Camara. Celle-ci n’appréciant pas ce refus de ce syndicat, a aussi menacé que ce sera la dernière grève des responsables de ce syndicat si jamais ils mettent leur menace à exécution. Elle leur a adressé cet avertissement en disant que si la grève à lieu, alors “la riposte sera sauvage et inoubliable”. La menace de radiation de la fonction publique des enseignants gréviste plane alors comme l’épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Même si pour certains parents d’élève, cette matinée va surcharger les enfants, pour d’autres, cela aidera à coup sûr à booster le niveau des apprenants. Même si les syndicalistes reviennent sur leur décision de grève, une chose qui pourrait inquiéter les parents est la qualité des enseignements donnés durant ce jour qui pose problème. Beaucoup ont du mal à comprendre le pourquoi du refus des enseignants. Même s’ils laissent croire agir pour le bien des apprenants, l’on se demande bien si cela ne cache pas un dessein inavoué. Pourquoi vouloir se montrer violent pour défendre les apprenants d’une telle réforme ? L’on sait que les mercredis matin sont utilisés par certains enseignants pour faire des cours de renforcements moyennant une somme bien précise que doivent payer les élèves auprès de ces instituteurs qui les organisent. Alors, ces agissements, est-ce pour préserver ces cours de renforcements qu’ils organisent ou vraiment pour le bien-être des élèves ? La question reste posée et l’on espère que l’intérêt des apprenants comme le veut madame la ministre de l’Éducation nationale va primer et que les années à venir nous situeront sur le bienfait de cette réforme.

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